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 L’appel fondateur d’Ensemble sur nos Territoires (6 juin 2019) 

L’analyse des résultats des dernières élections européennes ne peut et ne doit se résumer à décrire le face à face entre la liste d’En Marche (22,4%) et celle du Rassemblement National (23,3%), entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dont l’affrontement serait ainsi amené à se répéter d’élection en élection, la légitimité politique d’En Marche n’étant alors que d’être l’obstacle à l’extrême-droite.

À l’échelle européenne, les scores élevés et préoccupants des listes populistes ont été remarqués, nous devons lutter résolument contre les fractures territoriales et les injustices sociales qui les nourrissent. Nous soulignons aussi la force de la poussée du vote pour les listes écologistes, marquant une prise de conscience accrue, notamment chez les jeunes, de la gravité des crises environnementales. En France, le résultat de la liste Europe-Ecologie (13,5%), le total cumulé pratiquement équivalent de plusieurs autres listes se réclamant de la gauche et de l’écologie, ayant mis la construction européenne et la question climatique au cœur de leurs campagnes, démontrent l’émergence d’une autre proposition politique. Elle se dessine autour d’axes forts comme le renforcement d’une Europe engagée dans la nécessaire régulation du monde, l’encadrement du libre-échange, la lutte résolue contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité, la transformation de nos modèles agricoles et alimentaires, l’exigence de justice sociale et de protection des plus vulnérables, des valeurs humanistes réaffirmées notamment dans l’accueil des migrants.

L’adhésion significative des électeurs à cette proposition politique a été masquée par l’émiettement des offres politiques qui la portent, conséquence des histoires et des évolutions des uns et des autres, qu’il faut comprendre et respecter. Il ne sert ainsi à rien de se lamenter sur la multiplicité des offres lors de ces élections, c’était probablement inévitable, mais nous devons désormais nous projeter dans l’avenir. Nous insistons en particulier sur la mobilisation, dans ces élections, des jeunes, qui apportent un nouveau souffle dans le débat public.

Ce qui compte à présent, c’est de construire une parole politique puissante, ancrée dans des actes et des pratiques cohérentes, de constituer une force politique capable d’assumer la conduite des affaires publiques, portant l’ambition de cette transformation écologique et sociale qui anime les travaux des pactes et plateformes que présentent certains syndicats et associations, mais dont les propositions ambitieuses et créatives ne trouvent pas aujourd’hui l’incarnation politique nécessaire. Ainsi, il est intéressant de constater qu’un contrat de justice sociale, écologique et solidaire pour l’Europe a été proposé par 19 signataires du « Pacte du Pouvoir de Vivre ». De toutes les listes qui pouvaient porter ces exigences, la moitié n’aura pas d’élu·e·s… Dépasser cette situation ne peut se faire dans le cadre des organisations politiques traditionnelles, trop épuisées par les jeux de motions et d’équilibre interne, les petits rapports de force entre amis…Il nous faut faire différemment, et les élections municipales prochaines en sont l’occasion.

En dehors des jeux d’appareils nationaux, nous appelons donc tou·te·s les élu·e·s et citoyen·ne·s prêts à s’engager localement, à se retrouver, à des échelles locales, départementales ou régionales, pour discuter concrètement ensemble sur des projets communs adaptés à leurs territoires, à travers un socle de valeurs communes d’humanisme et de solidarité qui se traduisent par :

·   Une priorité donnée à la lutte contre toutes les fractures territoriales, urbaines et rurales

·  L’urgence de la transition écologique, créatrice d’emplois, la lutte contre le dérèglement climatique et les pollutions, la mutation de l’économie agricole

·  Des régulations économiques au service de l’accès à l’emploi pour tous, de la lutte contre les précarisations, d’une meilleure redistribution des richesses

·   Une véritable politique d’accueil des migrants

·  La régionalisation et le renforcement de l’autonomie des collectivités dans une logique de solidarité entre les territoires

·  L’égalité des chances, l’égalité entre les femmes et les hommes, la priorité donnée à l’éducation et à la formation tout au long de la vie

·   Le renforcement de la démocratie participative

·   Le choix de la construction européenne comme espace nécessaire de régulation

L’espace politique que dessine ces exigences correspond à la feuille de route commune de la gauche et de l’écologie politique, dans une construction d’alternative crédible au néo-libéralisme, fondées sur l’application, en premier lieu dans les territoires dont nous avons ou aurons la gestion, de propositions ambitieuses et concrètes. Mais cet appel se veut aussi très large. A partir de ce socle de valeurs communes, certains refusent de se situer sur l’axe droite-gauche, d’autres se considèrent plutôt au centre… ou dans la gauche radicale, peu importe, c’est le désir d’agir à la hauteur des enjeux et des urgences qui émergent et qui doit nous animer, en bienveillance par rapport aux convictions et histoires militantes des un·es et des autres.

Les initiatives déjà engagées dans plusieurs départements français montrent qu’une telle demande de rassemblement fonctionne et correspond à une attente, autour d’élu·e·s locaux pour la plupart non encartés, mais en prise avec la réalité de leurs territoires. Ces dynamiques, qui doivent se traduire dans les prochaines semaines par des rencontres des signataires de cet appel par territoires, devront aussi être attentives et en lien avec les différentes initiatives associatives et citoyennes qui émergent et portent le même socle de valeur. Les prochaines élections devront notamment être l’occasion d’intégrer dans les conseils municipaux une nouvelle génération de jeunes élu·e·s.

Retrouvons-nous ensemble sur nos territoires.